1. Doctor Theatre
Edward Thomasson
Du 26 Avril au 31 Mai 2025
Abraham & Wolff
12, rue des Saints-Pères, Paris 7e

Pourquoi y aller ?

Il s’agit de la première exposition en France de cet artiste londonien dont la pratique de peinture et de dessin est indissociable de ses performances, présentées notamment dans des institutions telles que le Studio Voltaire, le Roberts Institute of Art ou le KW Institute for Contemporary Art à Berlin.

Ce qu’on y voit

Pour peu qu’on les ait remarquées sur le stand de Southard Reid, à Liste Basel en 2021, les silhouettes souples et contorsionnées effectuées à l’aquarelle et au crayon par Edward Thomasson sont immédiatement reconnaissables. Les couleurs pastel, la touche délicate, la ligne encore empreinte du mouvement chorégraphié (et qui fait songer aux papiers découpés de Matisse), sont caractéristiques de la pratique de l’artiste, ancrée dans la performance. Le titre « Doctor Theatre » terme qui désigne en anglais le pouvoir thérapeutique de la scène, fait écho au désir chez Thomasson, de puiser du réconfort dans la danse et le chant collectifs.

On aime beaucoup

La fraîcheur exaltante de cette frise en papier accrochée aux cimaises offre aussi l’occasion de découvrir rive gauche cette adresse iconoclaste (née de l’association des galeristes Samy Abraham et Jocelyn Wolff), privilégiant la rareté et les œuvres de petit format.

2. VERTICALISATION GÉNÉRALE !
Florian Fouché
Du 26 Avril au 30 Mai 2025
Parliament
36 rue d’Enghien, Paris 10e

Pourquoi y aller ?

Ce solo de Florian Fouché a ouvert quelques jours après son exposition personnelle remarquée au centre d’art et de recherche Bétonsalon, à Paris, et fait suite à celle que lui a notamment consacrée le CRAC, à Sète, autour de son Manifeste assisté.  

Ce qu’on y voit

L’exposition se présente comme un parcours urbain jalonné de potelets suspendus par des câbles, menant via un Escalier Monumental jusqu’à une statuaire torturée aux allures de Victoire fracassée. La « Verticalisation générale » soulève jusqu’à l’empreinte de trottoir, vision cosmique, avec ses plaques d’égout aux allures de trous noirs. La situation de son père, devenu hémiplégique à la suite d’un AVC, place au quotidien Florian Fouché face à un ensemble de limites : les siennes, celles du corps diminué, celles de l’institution, de la société, et même, telles que figurées ici, celles de l’espace public, de ses codes et de ses usages. L’art reste un horizon autant qu’un moyen d’investigation. 

On aime beaucoup

Florian Fouché est l’un des très rares artistes à effectuer son travail dans un va-et-vient inquiet entre l’hôpital et le musée, deux institutions malades entre lesquelles il établit des analogies. L’un des rares aussi à donner corps en tant que sculpteur à la détresse humaine. 

3. Permanent Hymns
David Douard
Du 26 Avril au 4 Juin 2025
GALERIE CHANTAL CROUSEL
10 RUE CHARLOT, PARIS 3e

Pourquoi y aller ?

Voilà plus d’une dizaine d’années que le travail de sculpture hybride de David Douard est exposé dans des institutions de premier plan, en France et à l’étranger, ainsi que dans des biennales internationales. C’est son quatrième solo dans sa galerie parisienne.

Ce qu’on y voit

Trois ensembles de pièces : des sculptures verticales, des tableaux, des œuvres sur papier combinant collages et dessins. On retrouve les éléments récurrents dans le vocabulaire de l’artiste : la tension entre contrainte et instabilité, l’association de matériaux rigides et souples, d’objets trouvés et de formes produites – comme ses orbes sphériques – l’inscription au feutre de mots, de phrases et de poèmes glanés sur Internet, les surfaces réfléchissantes, les chaînes métalliques. À ses motifs habituels (paupières closes, masque de joker, grille…) viennent s’ajouter des sources lumineuses en simulacres de vie. Pour la première fois, chaque sculpture, traitée comme un objet en soi, fonctionne de façon autonome et toutes affirment par leur préciosité bricolée une délicatesse que l’on n’associait pas jusque-là à ce travail marqué plutôt par son aspect mutant. 

On aime

On a le sentiment que ce solo marque une évolution formelle dans la pratique de l’artiste, en pleine possession de ses moyens. 

4. Mercury Release
Daniel Turner
Du 26 Avril au 7 Juin 2025
Galerie Allen
6 passage Sainte-Avoye, Paris 3e

Pourquoi y aller ?

Les sculptures minimales de Daniel Turner, comme ses tableaux, empruntent leurs matériaux chargés d’affects aux sites institutionnels tels que des hôpitaux psychiatriques ou des prisons. Plusieurs de ses œuvres ont intégré, entre autres, les collections du Musée d’art moderne de la Ville de Paris (depuis 2019) et celles du Centre Pompidou. La galerie Allen a commencé à défendre en 2017 ce travail représenté par la galerie Hauser & Wirth depuis 2024. 

Ce qu’on y voit

Dans le white cube immaculé, des débris de tubes de néon éparpillés au sol. L‘essence d’une sculpture contenue dans le geste explosif qui l’a produit, avec pour résultat la libération du mercure au milieu des éclats de verre, des douilles métalliques et des filaments. Les dix néons de la galerie seront ainsi brisés le temps de l’exposition avant d’être chacun rangé dans des boîtes à la façon de reliques de l’espace de monstration. Daniel Turner a réalisé pour la première fois cette pièce radicale en 2009, dans un artist run space.

On aime

À un collectionneur qui souhaitait acquérir le protocole de cette pièce, il a été précisé qu’il ne s’agissait du résultat d’une performance mais bien d’une œuvre plastique. On peut y voir une posture critique.  

5. Sex Paintings
Betty Tompkins
Du 26 Avril au 31 Mai 2025
Bremond Capela
13 rue Béranger, Paris 3e

Pourquoi y aller ?

Betty Tompkins a entamé sa série des Fuck paintings monumentales dès la fin des années 1960, mais ce n’est qu’au début du XXIème siècle que son travail, longtemps censuré puis ignoré, a été exposé à New York, grâce au soutien du critique d’art Jerry Saltz. Le MOCO, à Montpellier, lui a consacré sa première exposition personnelle en France en 2021. 

Ce qu’on y voit

Pour ses Fuck Paintings, Censored Paintings et Sex Paintings, dont plusieurs sont exposées ici, Betty Tompkins puise dans des productions pornographiques grand public des images qu’elle recadre et agrandit à l’aérographe dans des teintes de gris. Ignoré par les féministes et rejeté par la morale puritaine, ce travail désormais censuré par les réseaux sociaux reflète aussi l’évolution de la construction du regard. Le grand Fuck Painting #1 est un prêt du Centre Pompidou.

On aime

Par le choix du sujet, de son format et la frontalité qu’elle impose, la peinture de Betty Tompkins nous place face à la question de ce qui est représentable, et montrable, lointain écho à l’Origine du monde de Courbet. 

6. Catalogue raisonné de l’inachevé
Séance de rattrapage
Sophie Calle
Du 26 Avril au 24 mai 2025
Perrotin
76 rue de Turenne, Paris 3e

Pourquoi y aller ? 

Sophie Calle fait partie des rares artistes français·e·s contemporain·e·s reconnu·e·s à l’étranger : c’est une star. Elle a représenté la France à la Biennale de Venise en 2007 et a exposé dans les plus grands musées du monde, du Centre Pompidou à la Tate Modern. 

Ce qu’on y voit 

En 2023, Sophie Calle devenait la première artiste invitée à investir l’intégralité du Musée Picasso à Paris avec une exposition monographique pleine d’insolence et d’inventivité. Elle y présentait notamment au dernier étage tous ses projets restés inaboutis : fausse piste, perte d’intérêt, manque de temps, autocensure, incident technique, péremption… L’artiste inventorie à nouveau les différents motifs de ses interruptions en réunissant par des textes rédigés de sa main des images, des documents d’archives, des vidéos. 

On aime modérément

Exposition littéraire, voire bavarde, cette séance de rattrapage et d’autodérision souffre du principe de répétition qui en constitue le prétexte.