Antwan Horfee – Cosmogol
Ceysson & Bénétière – jusqu’au 06-05-23

Antwan Horfee est passé par le graffiti avant de revenir à la peinture. Repéré par le commissaire indépendant Hugo Vitrani, son travail dialoguait lors de la 15ème Biennale d’art contemporain de Lyon avec celui de l’artiste Renée Lévi.
Dans les toiles d’Horfee, les références à la culture manga et aux comics et les floutés à l’aérographe se télescopent avec des emprunts à l’histoire de l’art, comme cette trame de points, parfois à l’encre colorée, traitée en motif récurrent, ou cette vague ondulante évoquant la gestuelle du peintre de l’abstraction Hans Hartung (Whirlpool, 2022). Ces juxtapositions de signes et de couleurs forment des compositions complexes, photogéniques, où le regard en quête de profondeur reste piégé en surface.

 

Ariane Loze – Nos amours froides
Michel Rein – jusqu’au 06-05-23

On pourrait penser en découvrant les vidéos d’Ariane Loze, dans lesquelles la performeuse, à la fois actrice et réalisatrice, interprète chaque personnage, que Cindy Sherman est une de ses références. Mais par son économie de moyens et ses contrechamps, sa mise en scène de l’architecture, c’est plutôt du côté du cinéma d’avant-garde, période Godard, que l’artiste se situe. Tout en se faisant l’observatrice très documentée de l’époque actuelle. Dans les deux films présentés à la galerie, elle donne corps, littéralement, aux algorithmes qui dictent nos choix et nos vies. Le résultat est aussi touchant que dérangeant, comme si Ariane Loze parvenait par ses artifices à nous rappeler notre humanité.

 

Harmonie et Désir – Commissaire Léo Fourdrinier
Pal Project –  jusqu’au 29.04.23

En 2021, « Avalanche », un des tout premier group show de Pal Project, avait créé un bouche-à-oreille :  y étaient exposées des pochettes plastiques transparentes contenant des œuvres réduites en poussière, vendues au poids– l’artiste Anita Molinero s’était notamment prêtée au jeu. En octobre dernier, on avait également remarqué leur stand sur la foire Artissima, à Turin, où étaient réunis Marcela Barcelo, Edgar Sarin et Matteo Revillo. Cette fois-ci, l’artiste Léo Fourdrinier fait dialoguer sur fond de cimaises roses une sculpture en acier d’Yves Sherer avec des natures mortes géantes de Curtis Kulig et deux nus d’Aristide Maillol, une sanguine et une mini Léda en porcelaine prêtées par la fondation Dina Vierny (Alexandre et Pierre Lorquin, les fondateurs de la galerie, sont les petits fils de la muse du sculpteur).
Le résultat pose ostensiblement la question du goût, et des modes.

 

 

Jean-Charles Eustache
Galerie Claire Gastaud – jusqu’au 27-05-23

Les peintures sur bois de Jean-Charles Eustache sont invariablement des petits formats. Si la plupart ont en commun une palette de couleurs assourdies, certaines évoquent des paysages figés en vignettes oniriques quand d’autres sont de pures abstractions, le motif de la grille revenant de façon récurrente. Mais étonnement, les paysages du peintre, parfois voilés d’un glacis blanc, semblent surgir d’une intériorité quand ses tableaux abstraits paraissent pour leur part le fruit d’une patiente observation et d’une imprégnation par la lumière. Ce sont peut-être ces derniers, nourris d’une connaissance savante de l’histoire de l’art, que l’on préfère, car leur minimalisme contient des mondes en puissance.
Commissariat assuré par Jean-Charles Vergne, directeur du Frac Auvergne.

 

 

Nile Koetting– Unattended access
Parliament – jusqu’au 06-05-23

Au premier regard, lorsqu’on entre dans la galerie, il semble qu’il n’y ait pas grande chose à voir.
L’écran d’une interface informatique surplombe l’espace, le signal d’actualisation de la page d’accueil tournant en boucle dans le vide, symbole d’une insatisfaction érigée en mesure du temps. Au sol et au mur, des maquettes évoquent l’univers du théâtre, loges de maquillage miniature, coursives techniques curieusement anthropomorphes, plan de salle stylisé clignotant … Autant d’éléments disposés comme des indices d’une narration interrompue, et dont l’échelle réduite nous rend spectateurs d’un monde factice qui pourrait aussi bien être le nôtre. Nile Koetting conjugue en tout cas avec beaucoup de subtilité une radicalité conceptuelle avec une esthétique empruntant aux codes de séduction du luxe et de la grande distribution.

 

 

Bernar Venet – D’encre et de papier, estampes originales
Pierre-Alain Challier – jusqu’au 20-05-23

Alors que l’artiste connu pour ses arcs monumentaux en acier Corten vient d’intégrer la galerie Perrotin, qui lui a consacré mi-mars un solo événement dans l’ensemble de ses espaces parisiens, cette exposition d’un format plus intimiste est consacrée à son travail d’estampe. Depuis ses débuts, Bernar Venet n’a en effet cessé d’expérimenter les différentes techniques d’impression, de la lithographie à l’aquatinte. Ces œuvres sur papier, certaines inédites, couvrent l’ensemble de sa carrière dont elles apparaissent comme des lignes de force.

 

Awakening – commissaire Martin Kiefer
Strouk – jusqu’au 29-05-23
(2 avenue Matignon 75008 et 5 rue du Mail 75002)

Spectaculaire ! Avec son vestibule tapissé de Rose Pompadour (création de la maison Antoinette Poisson), précédant l’alignement de hautes plantes en bronze d’Ursula Palla, dans la perspective des anneaux d’acier de Rayyane Tabet, placés en ligne de fuite face à l’immense panneau de monotypes végétaux de Thomas Fougeirol, la scénographie de cette exposition printanière crée un effet « wow ».
Conçue par le commissaire indépendant Martin Kiefer, ancien chargé d’art contemporain au Louvre, réunissant une vingtaine d’artistes, elle marque aussi le tournant de la galerie Strouk (plus connue jusqu’ici pour sa promotion des artistes de la nouvelle figuration comme Robert Combas, également présent avec quelques toiles récentes). Au sous-sol, une vidéo immersive de Miguel Chevalier.
Second chapitre de l’exposition déployé dans l’espace de l’avenue Matignon.