News climat : l’art en transition
↘ Par Anne-Cécile Sanchez

1/ Un nouveau cycle pour la Fondation Cartier

Alors que la fondation Cartier pour l’art contemporain a inauguré ses nouveaux espaces, place du Palais Royal, le 25 octobre dernier, son exposition inaugurale fait l’objet d’une analyse de cycle de vie. Encore plus ambitieuse qu’un simple bilan carbone, la démarche (qui passe l’exposition au crible de 16 critères environnementaux : climat, eau, ressources…) est pilotée en interne par la directrice de la production Lisa Séantier. Il faudra attendre le démontage – une étape prise en compte dans le calcul global – pour connaître les conclusions de cet audit.

2/London Calling

Présentée par le réseau international d’organisations artistiques engagées dans la réduction de l’impact environnemental Gallery Climate Coalition (GCC) avec l’application gowithYamo, la London Art+Climate Week se tient dans la capitale britannique du 12 au 16 novembre. Parallèlement à la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30), cette première édition de la Climate+Art week parie sur le pouvoir de l’art pour « inspirer le changement ». Au programme : expositions, conférences et ateliers.

3/ Le Louvre au rythme des saisons

De février 2024 à février 2025, l’artiste Mohamed Bourouissa a parcouru le jardin des Tuileries, filmant sa transformation au fil des saisons : ses images ont été régulièrement postées sur l’Instagram du musée du Louvre. De ce travail régulier est née la vidéo Les 4 temps, patiente observation des rythmes de la nature au prisme de l’art. L’œuvre, qui vient d’entrer dans les collections du musée, est projetée jusqu’au 19 janvier 2026 dans la salle de la Chapelle.

4/ L’art en mode good COP

Dix ans après l’Accord de Paris, la COP30 se tiendra du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil. Dans un contexte d’urgence (car la limite de +1,5°C est désormais dépassée), des artistes contemporains engagés pour l’environnement s’unissent à l’échelle internationale avec United Artists for Climate. Cette campagne mondiale est initiée par Art of Change 21 (France) et LABVERDE (Brésil), pionniers du dialogue entre art et écologie. Son ambition : sensibiliser le grand public et appeler à des engagements concrets lors de la COP dont l’agenda officiel fait pour la première fois une place à la culture.

5/ Lucia Pietroiusti, de la Serpentine à la Hartwig Art Foundation

La commissaire et stratège culturelle Lucia Pietroiusti (commissaire du pavillon lituanien récompensé par le Lion d’or lors de la 58e Biennale de Venise) a quitté fin août la Serpentine à Londres. Elle y était à l’initiative du projet General Ecology (2018-2025) qui a permis d’intégrer la dimension environnementale au sein de la galerie. Lucia Pietroiusti a rejoint la Hartwig Art Foundation (Hollande) et travaille à la programmation préliminaire et aux aspects écosystémiques du futur musée Hartwig, qui ouvrira à Amsterdam en 2028.

6/ Une boîte à outils responsable pour les musées parisiens

C’est une avancée de taille dans la prise de conscience des enjeux environnementaux par le secteur muséal : Paris Musées et quinze institutions françaises (accompagnées par la société d’ingénierie culturelle Atemia et l’agence d’éco-conception Karbone Prod), annoncent la mise en place à l’horizon 2027 d’une plateforme commune de mesure et d’analyse d’impact environnemental. Baptisée OCRE (Outils pour une Conception Responsable des Expositions), celle-ci aura pour objectif d’évaluer l’impact environnemental des expositions temporaires.

7/ Champ culturel fertile

Rurart  a trente ans, et reste à ce jour le seul centre d’art contemporain placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture. Visionnaire ? Implanté au sein d’un lycée agricole de la Vienne (Nouvelle Aquitaine), ce lieu unique produit plusieurs expositions par an et soutient la création contemporaine à travers des commandes passées à des artistes (Michel Blazy,Eva Kotàtkova, Stéphane Thidet, Sarah Trouche, Edi Dubien …). Jusqu’au 12 décembre, son exposition anniversaire fête trois décennies de création en milieu rural.

8/ Vers un nouveau modèle de Biennale ?

La 6e édition de la Biennale de Kochi-Muziris (KMB) se tiendra à partir du 12 décembre dans l’État du Kerala (Inde). Nikhil Chopra, son directeur artistique, place les amitiés artistiques au cœur de son projet et annonce vouloir s’éloigner « de l’idée de la Biennale comme événement-exposition unique et central, pour l’envisager plutôt comme un écosystème vivant, où chaque élément partage l’espace, le temps et les ressources, et se développe dans le dialogue avec les autres ».  Un nouveau modèle pourrait ainsi émerger de cette Biennale enracinée au Sud.

9/ Esthétique des abysses

Nicolas Floc’h est connu pour son travail singulier sur la représentation des paysages sous-marins (installations, photographies, films, sculptures ou encore performances). Jusqu’au 20 décembre, son nouveau solo à la galerie Maubert réunit trois ensembles Paysage productif : Initium Maris, La couleur de l’eau et Deep Sea. Chacun de ces corpus livre un état des lieux de la mer et des océans, de leur richesse et de leur fragilité, envisagés d’un point de vue artistique.

10/ Quand l’art fait BAM

Dans le Sud de la France, les communes de l’archipel de Thau ont passé commande à une quinzaine d’artistes contemporains – Céleste Boursier-Mougenot, Johan Creten, Chourouk Hriech, Fabrice Hyber, Élise Morin, Françoise Pétrovitch, etc. – d’œuvres in situ en lien avec plusieurs sites naturels et historiques. Sous l’intitulé Balades artistiques en Méditerranée (BAM), quatre parcours entre mer et lagune soulignent la relation entre l’art, le paysage et le vivant, et invitent à une (re)découverte du patrimoine écologique de la région.