Page d’accueil du site internet de l’IGA © Courtesy de IGA
L’IGA, fédération mondiale de plus de 250 galeries, a pour ambition de créer sa propre plateforme de vente. Dans l’attente, elle lance fin mars une newsletter hebdomadaire.
Près de six mois après l’annonce officielle de sa création, où en est l’International Galleries Alliance (IGA) ? Pensée dans le contexte de la pandémie à l’initiative d’une poignée de galeristes telles que Sadies Cole et Ishikawa, l’IGA avait à l’origine pour objectif de permettre à ses membres de partager leurs inquiétudes, leurs valeurs et leur expérience afin d’élaborer collectivement des solutions. La plateforme numérique compte aujourd’hui 264 adhérents issus de 55 pays, « recrutés » individuellement par le Voting Comittee qui sélectionne également les candidatures spontanées. Cette liste pourrait monter à 300 enseignes, voire davantage, assure Axel Dibie, cofondateur de la galerie Crèvecœur et membre du comité d’organisation. « L’IGA pourrait rassembler à terme les 400 meilleures galeries au monde, du jamais vu ».
La liste des galeries © Courtesy de IGA
D’accord, mais pour faire quoi ? La question est loin d’être résolue. L’IGA a organisé en février son premier symposium bi-annuel. Réparti sur quatre jours pour tenir compte des fuseaux horaires de plusieurs continents (Europe, Amérique, Afrique, Asie), ce sommet online a consisté en une série de présentations minutées, sur des problématiques données, de quelques intervenants membres du réseau, suivie de sessions d’échange par petits groupes de huit à dix galeries. Il faut imaginer un attroupement informel à la machine à café, qui se tiendrait pendant trois jours à l’échelle planétaire. Avec des contextes professionnels très variables, selon la taille et la localisation des galeries. Qu’ont en commun des poids lourd comme Gagosian, Pace ou White Cube avec une jeune galerie du Zimbabwe ? Et comment espérer parler d’une seule voix ? Les participants se montrent cependant positifs. « On peut avoir là des discussions que l’on n’a pas sur une foire, où chacun est concentré sur son stand », estime ainsi Isabelle Alfonsi, de la galerie Marcelle Alix. Certains font même preuve d’optimisme. « J’attends de cette association internationale qu’elle construise une sorte d’éthique qui pourrait avoir un effet favorable si elle était propagée par des galeries du monde entier », imagine Olivier Antoine, d’Art : Concept.
Les membres de l’International Galleries Alliance (IGA) lors d’une conférence Zoom © Courtesy de IGA
Au-delà de cet esprit de confraternité, un sentiment d’expectative se fait cependant jour faute d’initiative concrète. Le lancement d’une newsletter à partir du 30 mars est probablement une manière d’y répondre tout en envoyant un signal positif. L’« IGA Weekly » se propose en effet, chaque semaine, de faire découvrir sept artistes mis en avant par sept galeries parmi ses membres. Ce bulletin d’information a vocation à être généreusement diffusé par l’ensemble des adhérents auprès de leur propre réseau. « C’est une façon de mettre en avant les programmes des galeries auprès de l’audience la plus large possible », commente Axel Dibie. Sans qu’il soit pour autant question de mutualiser les fichiers clients, un procédé qui a fait les beaux jours des foires et leur a valu de nombreuses critiques de la part des marchands.
Qu’en est-il par ailleurs du projet de plateforme commerciale porté par l’IGA ? Celle-ci se différencierait des modèles existants tels que ceux d’Artsy ou d’Artnet en ce qu’elle réunirait uniquement des galeries ayant une activité d’exposition dans un espace physique (et non de simples boites aux lettres), souligne Philippe Joppin, de la galerie Hight Art, membre du Comité d’Organisation. L’IGA affirme également qu’à la différence des viewing rooms développées par les foires ou certaines grandes enseignes, cette plateforme de ventes ne prélèvera aucune commission aux galeries. Comment financer l’investissement nécessaire à sa mise en place et à son fonctionnement ? « Grâce aux cotisations », avance Axel Dibie. Le montant annuel de ces dernières s’élève pour le moment à 750 euros par an, ce qui risque de s’avérer très insuffisant. « Nous ne sommes pas pressés, assure le galeriste. On a envie de mettre au point un outil idéal, qui nous ressemble, tant du point de vue du design que du contenu ». Mais il faudra se donner les moyens de cette ambition, sans doute en augmentant le tarif des contributions.