Neïla, à l’envers, ça se lit Alien.
Neïla Czermak Ichti le répète fièrement depuis l’école primaire. Déjà à l’époque, elle revendiquait sa différence. Elle aimait les marionnettes, les clowns et les fantômes. Elle a cultivé son goût pour l’étrange à l’adolescence et même développé un amour pour les monstres, ces êtres qui ne sont terrifiants que parce qu’ils sont différents.
Elle a toujours dessiné, mais cette activité est devenue vitale pour elle au moment où sa grand-mère, dont elle était très proche, est décédée. Elle avait 19 ans. Toute sa famille était réunie pour quelques jours. Elle a commencé à griffonner au stylo bille son quotidien avec ses proches, non pas telles que les scènes se déroulaient, mais telles qu’elle les ressentait. En rendant visible l’indicible, la présence des absents, les croyances et l’amour.

Depuis, Neïla Czermak Ichti a passé 5 ans aux Beaux-arts de Marseille.
Elle utilise toujours l’art pour rendre compte du monde tel qu’elle le perçoit. Ses œuvres sont un collage de lieux qu’elle a habités, de visages qu’elle a aimé, de sentiments mêlés, de métamorphoses inachevées et de souvenirs qu’elle ne veut pas oublier.

Parfois, des images et des phrases s’imposent à elle. La hantent. Pour s’en débarrasser, elle doit les griffonner au stylo bille ou bien déchirer un morceau de drap volé à sa propriétaire et peindre dessus à l’acrylique, vite vite.
Sur les murs de la Villette, les œuvres de Neïla Czermak Ichti sont comme des fenêtres sur son paysage intérieur. L’ambiance est celle de la fête foraine de son adolescence ou de sa chambre solitaire ; dans les deux cas, une bulle de lumière électrique au cœur de la nuit. Un lieu de mystère et de fantasmes, de terreurs et de délices. Là où tout peut arriver.
