Nord-Est, cartographie des résonances explore, comme le sous-entend le nom même de l’exposition, une cartographie du département 93, vaste territoire diversifié qui comprend Saint Denis, Aubervilliers, Montreuil et d’autres villes au nord de Paris.
Alors que ce département est sous les feux de l’actualité, accueillant dans quelques semaines les Jeux olympiques, ce groupe show est l’occasion d’un regard porté sur le potentiel créatif et artistique que ce territoire nourrit depuis des décennies.

Conçue en partenariat avec des institutions culturelles locales particulièrement bien représentées dans cette partie du grand Paris, ainsi que des artistes vivant et travaillant dans le 93, mais aussi les résidents de POUSH, cette exposition donne la parole à un nombre conséquent de professionnels du milieu de l’art, reflétant le riche tissu artistique de ce département, qui a attiré de nombreux artistes, artisans et créatifs de différents horizons.
Cet événement est à l’image de POUSH, à la fois organisateur et lieu d’accueil de cette monstration. Pour rappel, la résidence d’artistes initialement basée à Clichy s’est installée à Aubervilliers il y a quelques années et occupe un immense bâtiment industriel offrant 20 000 m2 d’ateliers et 2 000 m2 d’espace d’exposition sous un dôme de verre.

Fête, événement, terrain de jeu, on sort ici des codes classiques d’exposition en offrant une carte blanche aux artistes, qui se déploient dans l’espace, sur tous médiums : des grandes maquettes de Thomas Hirschhorn Model for a Monument, examinant le thème de la destruction et des « monuments qui tombent », qui fascinent l’un des premiers pionniers du département 93, aux patchworks du jeune performeur, chorégraphe et designer Darius Dolatyari-Dolatdoust dont ses recherches se concentrent sur l’amour, mais aussi les œuvres de Sarah-Anaïs Desbenoit ou encore la collaboration des deux photographes Eléa-Jeanne Schmitter et Nanténé Traoré, donnant lieu à une confrontation de deux univers artistiques remplis d’images qui ont ému, habité ou fasciné chacun d’entre eux.

L’aspect social de l’exposition va de pair avec l’accent mis sur le patrimoine, l’actualité et les questions locales, occupant une place particulièrement importante : de nombreuses œuvres ont été créées avec la participation des habitants du quartier.
Tandis que Joris Valenzuela proposait aux visiteurs du Jardin Espérance de collecter des plantes et de les transformer en toiles colorées représentant leurs paysages imaginaires, Anaïs Leroy collaborait avec les résidents des maisons de retraite pour travailler avec de la cire autour d’un thème accessible à tous : la nourriture. De délicates sculptures de formes diverses, napperons ou gâteaux, reflètent l’histoire personnelle de chaque participant. Pooya Abbasian a quant à lui passé beaucoup de temps avec les jeunes d’Aubervilliers pour connaître leur vision de la ville. Les adolescents qui apparaissent dans son documentaire ne sont pas seulement les héros du film, ils en sont les véritables co-créateurs.

Ce besoin d’impliquer le public local dans la production d’œuvres pour l’exposition n’est pas un hasard : la Seine-Saint-Denis n’est pas l’un des départements les plus prospères d’Ile-de-France, ses habitants sont qualifiés par le ministère français de la Culture comme « publics éloignés de la culture », et les institutions et associations culturelles locales effectuent depuis des années un travail de fond pour y amener la culture et les impliquer dans des pratiques de co-création.
En constante évolution, l’exposition, qui a débuté au début du mois d’avril, a accueilli de nouveaux artistes tout au long de sa durée. Ainsi qu’un accompagnement d’activations constantes : des conférences, des performances, des projections de films et de visites sur les quatre mois.

La soirée de clôture du 12 juillet sera à l’image de cette expo-manifestation entre une projection inédite du film de Neïl Beloufa People’s palace à 17h, suivie d’une discussion avec Antoine Poncet (s’inscrit dans le cycle de conférences imaginé par Thomas Hirschhorn) et enfin Les raisons du loup de Jonathan Potana présenté en partenariat avec le Centre d’art Ygrec. Une parfaite et dernière occasion de visiter l’exposition et de découvrir les œuvres de plus de 40 artistes, collectifs et centres d’art qui, à leur manière, tracent la carte du département 93, leur 93.

Finissage de l’exposition
Vendredi 12 juillet – 17h
Gratuit sur inscription

POUSH
153 Avenue Jean Jaurès,
93300, Aubervilliers

© Ismaël Bazri © Aurélien Mole