7 EXPOS à voir en galerie en mars

Benoit Pieron – Poudre de riz– Sultana – jusqu’au 20 avril
La création de Benoit Piéron est liée à sa fréquentation incessante de l’hôpital – à la suite d’une leucémie contractée enfant. De ce ressort intime, l’artiste fait une œuvre politique : la maladie renvoie au corps social. Rien de sinistre cependant dans cet univers aux airs de pyjamas party où les gyrophares tournent en veilleuses et où les draps réformés de l’assistance publique prêtent leurs teintes délavées à des patchworks pastel. Benoit Piéron parle des passe-temps qui mettent les petites filles et les enfants malades au silence, la broderie, le crochet, les fleurs en tissus, enfiler des perles, mais aussi du plaisir… Sur des bandes en Strap-On, il coud des clitoris-boule à facettes clignotant tendrement, plutôt que de s’ériger en godes.

Sibylles – Chloé Salgado et Chapelle XIV – du 02 mars au 13 avril 2024
Autels de laiton gravé de Jenna Kaës, Acanthes en damiers de Melissa Sinapan, mobilier princier pour rire de Maïa Taïeb, sculptures, fresques et ornements d’Elissa Lacoste, Charlotte Simonnet, Elvira Tiaou … en réunissant six artistes femmes, cette exposition prend le parti d’un art contemporain se réappropriant les savoirs faires traditionnels – tapisserie tissée, céramique, travail du bois et du fer forgé … Déployés sur les deux espaces de la galerie Chloé Salgado et de Chapelle XIV, les récits de ces « Sibylles », nourris de références mythologiques, convoquent une magie et une fantaisie susceptibles subrepticement de réenchanter le monde.

Julia Scher – The Mammoth book of Eyewitnesses – Esther Schipper – jusqu’au 23 mars.
Voilà 40 ans que Julia Scher a mis les questions éthiques posées par la vidéo surveillance au cœur de son travail. Depuis, les sociétés de contrôle, un peu partout sur la planète, ont fait des progrès remarquables. L’exposition réunit des pièces historiques (notamment un de ces fameux Surveillance Bed) et d’autres récentes, telles ses sculptures en marbre de deux chouettes monumentales drôlement baptisées Jacqueline et Bernadette.
Suzanne Husky – C’était mieux avant – Alain Gutharc – jusqu’au 20 avril
La figure du castor, au cœur de ses aquarelles récentes, n’est pas un élément pittoresque pour Suzanne Husky. Par sa formation (elle a étudié l’agroécologie) l’artiste pose sur le monde un regard aussi inquiet qu’attentif. À travers l’histoire des liens noués entre les humains et les castors, elle raconte en les dessinant les cours d’eau et notre rapport au vivant. L’exposition fait écho à celle qui se tient au Drawing Lab (Suzanne Husky est lauréate du prix Drawing Now 2023) et donnera lieu à un livre en collaboration avec le philosophe chercheur Baptiste Morizot, dans une tradition naturaliste réinventée par une poésie engagée.

Daniel Dezeuze – Mesoamerica, Cités Perdues et Derniers Refuges – Templon – 28 rue Grenier-Saint-Lazare – du 2 mars au 27 avril 2024.
Membre fondateur du groupe Supports/Surfaces dans les années 1970, Daniel Dezeuze
poursuit inlassablement une remise en cause de la peinture et de ses conditions d’exposition.
S’appropriant une grande variété de techniques, il s’est inscrit dans une relecture de l’art américain, abstrait et minimaliste, en privilégiant les matériaux pauvres (
filets, grillages, bois, tissus, métaux… ) Ici il revient sur son expérience fondatrice d’un voyage au Mexique effectué dans les années 1960 et de la découverte de l’architecture maya qui l’a durablement impressionné.

Quentin Germain – Sous la surface – Adjacent – du 13 mars au 20 avril 2024
La galerie Adjacent ouvre ses portes avec la première exposition personnelle de Quentin Germain, qui réunit des sculptures et des peintures de l’artiste. Hanté par le vide abyssal des fonds aquatiques, Quentin Germain (né en 1987) peint des paysages privés de vie, des étendues de silence où les seules interactions semblent être celles, chimiques, de l’oxydation. Que trouve-t-on « Sous la surface » ? Des ruines et des vestiges d’acier et de béton, où viennent se loger quelques algues, de rares coquillages. Plaçant ces Reliquat sous vitrine, readymade sauvés des eaux, Quentin Germain nous invite à regarder le temps faire son œuvre.

Matthew Langan-Peck – Au feu rouge – Edouard Montassut – jusqu’au 24 mars
Entre sculptures pop et art conceptuel, les boîtes peintes de Matthew Langan-Peck jouent avec notre désir. De voir, de toucher, de jouer, de comprendre, donnant ainsi forme à nos attentes. Un œuf en forme de fraise bleue s’invite en intrus dans cette série de malles rectangulaires. L’une d’elle, entrouverte à la façon d’une platine vinyle, est équipée d’un casque audio. Une voix masculine raconte, le temps d’une pause « au feu rouge », des histoires courtes et plates de vidéos de demande en mariage dans des décors de Starbucks. De Matthew Langan-Peck (né en 1988), on sait que son travail a été exposé dans des expositions collective au MoMa PS1 (Greater NY, 2021), au CAPC à Bordeaux (Barbe à papa ) et au Mamco à Genève (récits de Collection, 2023). On suppose aussi, qu’il ne manque pas d’humour et de sens critique.