Virginie Barré  Nous dans la vie
Galerie Loevenbruck  du 17 février au 8 avril

Une plage normande entre jaune et gris, une chorégraphie comme improvisée par une petite troupe joyeuse vêtue de blanc … Nos corps sont des rivières (2023), la nouvelle vidéo de Virginie Barré, est la préfiguration de la comédie musicale que l’artiste espère réaliser bientôt. Les parures et les accessoires de ce projet, confectionnés en matériaux fragiles et colorés, sont épinglés aux murs de la galerie, comme si l’univers du film débordait dans la vraie vie pour la contaminer. Allègrement.
En écho à cette présentation rafraîchissante, on peut voir en ce moment au Mac Val une autre vidéo de la plasticienne, Le rêve géométrique (2017), également diffusée avec un ensemble de sculptures jouant des rapports d’échelle et de la porosité entre le réel et la fiction (« Histoires Vraies », exposition collective, musée d’art contemporain du Val de Marne jusqu’au 17 septembre 2023).

 

Hicham Berrada – Vestiges
Kamel Mennour – jusqu’au 18 mars

À la Bourse de Commerce, sa vidéo Présage (2018) se déploie sur un mur courbe du bâtiment à la façon d’une réinterprétation 2.0 des Nymphéas, spectacle sur-dimensionné de métaux en train de se déliter dans une solution liquide (« Avant l’orage », exposition collective de la Collection Pinault).
Au même moment, la galerie Kamel Mennour présente la troisième exposition personnelle qu’elle consacre à l’artiste. Celui-ci poursuit son exploration des phénomènes physiques et alchimiques constituant l’envers du décor, merveilleusement corrodé, de nos sociétés technologiques aseptisées. Une réflexion sur les ravages du temps et la ruine qui n’est pas dénuée de romantisme et prend pour point de départ, à travers la sculpture et la vidéo, le destin esthétique de circuits imprimés soumis à une électyrolyse.

 

José María Sicilia – Suspendu à un fil
Chantal Crousel – jusqu’au 25 mars

José Maria Sicilia est l’un des premiers artistes qu’a défendu Chantal Crousel. Reconnu dans les années 1980 comme l’un des représentants d’une nouvelle figuration, il excelle désormais, ainsi que le prouve cette neuvième exposition que lui consacre la galerie parisienne, dans la conception d’œuvres décoratives et sensuelles.
Ici, le peintre a eu recours à la broderie pour réaliser de grandes toiles et une série d’œuvres sur papier de plus petit format qui juxtaposent les images au texte imprimé. Passant de l’évanescence de panneaux transparents surpiqués de fils au chatoiement de compositions de soies colorées, Sicilia joue sur le motif. Il emprunte ce dernier aussi bien aux travaux scientifiques sur les ondes sismiques qu’à l’étude des chants d’oiseaux, ou encore aux contes des Mille et Une Nuits, entremêlant les époques, les références culturelles et les circonvolutions virtuoses du dessin à l’ordinateur avec des techniques artisanales.

 

Jonathan Monk – Metallic Sunsets
Dvir Gallery – jusqu’au 23 mars

Ce n’est pas un hasard si la dernière série de Jonathan Monk fait penser au livre iconique d’Ed Ruscha « Every Building on the Sunset Strip « (1966). L’artiste britannique connu pour son goût de la citation, a pris pour point de départ le quartier de Sunset Boulevard. Ses photos en noir et blanc imprimées sur des supports DiBond en aluminium, vision périmée et périphérique d’Hollywood, servent de toile de fond à des collages minimalistes de textes et d’images, évoquant pêle-mêle une exposition de Charles Ray, un film de Cassavetes, le menu d’un restaurant asiatique ou encore les caviardages géométriques de John Baldessari. Ce décor composite, à l’image de la culture américaine, est rehaussé d’étagères métalliques sur lesquelles s’alignent des emballages colorés de produits de grande consommation, à la manière … d’une installation de Haim Steinbach.  

 

Tirdad Hashemi – The Trapped Lullabies
gb agency – jusqu’au 11 mars

La première fois que l’on a vu des œuvres de Tirdad Hashemi, c’était dans le cadre de l’exposition des nommé·e·s de la Bourse Révélations Emerige 2019, et la spontanéité de ses dessins aux teintes vives accrochaient le regard. Depuis, l’artiste a intégré la galerie gb Agency et s’est installée à Berlin. Sa palette de couleurs a changé pour une gamme plus sourde tandis que son trait, tout en conservant l’élan de l’urgence et une apparente simplicité, s’est fluidifié : c’est particulièrement vrai dans la série de dessins à quatre mains réalisée avec Soufia Erfanian. Car la dimension biographique de ce travail – marqué par l’actualité politique de l’Iran douloureusement vécue à distance – inclut la présence de l’autre. Tirdad signe également une peinture aux accents surréalistes avec Ramin Parvin.
La musique de son installation – évoquant l’intérieur nu d’une cellule – est signée Nacer Ahmadi.

 

Miss D. Iannone and her mother Sarah Pucci, a tribute
Air de Paris – jusqu’au 4 mars
Dear Dorothy  We Do Not Work Alone

Air de Paris – jusqu’au 31 mars

Hommage en stéréo à la très libre Dorothy Ianone, disparue en décembre dernier, deux expositions sont organisées par sa galerie Air de Paris et par la maison d’édition d’objets d’artistes We Do Not Work Alone.
Air de Paris évoque l’absente à travers d’émouvantes sculptures kitsch en forme de cœur brodées de paillettes adressées à l’artiste par sa mère et présente également un rare exemplaire d’une de ses premières estampes de 1967 . Les collaborations de We Do Not Work Alone avec la plasticienne mettent pour leur part en évidence la dimension éminemment décorative et ludique de son expression. Une grande boîte d’allumettes, Put Out The Light, un tapis tufté main la présentant en Amazone chevauchant un cygne I Don’t Want to be D., et enfin une Majestic Chair, totem délirant directement inspiré d’une série de dessins pour du mobilier de 1976. Collectors !