Jean Katambayi Mukendi – Délestage – Micki Meng – jusqu’au 11 octobre

Ingéniosité critique

La galerie californienne Micki Meng a ouvert début septembre son antenne parisienne avec une exposition de Jean Katambayi Mukendi. Cet artiste congolais en milieu de carrière a suivi une formation d’ingénieur. Il est également défendu par la galerie Ramiken, à New York et si c’est son premier solo en France, ses œuvres ont déjà été montrées au Palais de Tokyo (Le bord des mondes, 2015) et au Centre Pompidou Metz (You and I Don’t Live on the Same Planet, 2021). L’accrochage met en regard un ensemble de sculptures et de dessins. Les sculptures, dont les formes évoquent tantôt des architectures (Simultium, 2009), des machines (Lester, 2011) ou des robots (Voyant, 2015), sont fabriquées à partir de matériaux de seconde main, fils électriques et tubes de carton. Les dessins, issus de la série Afrolampe, témoignent d’un processus minutieux. L’énergie, en particulier l’électricité, est au cœur de ce travail patient et lucide, qui parle d’un pays riche en cuivre mais pauvre en infrastructures.

Ronan Bouroullec – Kreo – jusqu’au 16 novembre

Détournement de fonctions

Actif depuis le milieu des années 1990, Ronan Bouroullec est l’un des grands noms du design contemporain. Son talent s’exerce aussi bien dans le champ des objets que dans celui des dessins et de la céramique. Cette nouvelle exposition à la galerie Kreo fait écho à son aménagement de la chapelle Saint-Michel de Brasparts. La dimension liturgique de ce projet se retrouve dans les hauts bougeoirs en fonte d’acier, traités ici comme des sculptures et dans la parcimonie de son économie de moyens. Le designer a cependant détourné le registre codifié du cérémoniel pour imaginer une collection de mobilier. Mais les miroirs ronds sont flous, et aucune assise ne fait face aux tables de verre coloré posées sur des aplats de gravier pâle. Ce que l’on voit ce sont finalement des compositions rythmées de formes, de couleurs (vert, argent, grenat sombre…) et de lumière : des tableaux sortis de leurs cadres pour habiter l’espace. 

Shio Kusaka – Zwirner – jusqu’au 5 octobre 

Porcelaines et lanternes

Il s’agit de la première exposition parisienne de la céramiste japonaise Shio Kusaka (née en 1972), qui vit et travaille à Los Angeles. Au centre de la galerie s’étire un long socle haut et étroit sur lequel sont alignées, deux par deux ou par petits groupes, de ravissantes porcelaines. Leurs contours évoquent tantôt des pots, des vases … tantôt des fusées ; leurs motifs et leurs décors (striés, noirs sur fond rouge …) puisent leurs références aussi bien dans la Grèce antique que dans la tradition japonaise de l’ère Jomon (10 500-400 av JC) ou dans la contemplation du cosmos. Avec cette installation, l’artiste nous invite à parcourir l’histoire et les formes qui la traverse, elle nous offre de voyager dans le temps en toute liberté, guidés par le goût de l’amusement et du merveilleux prêt à surgir, à l’image de ses lanternes en papiers géantes présentées dans une seconde salle. 

Kubra Khademi – la fille et le dragon – galerie Eric Mouchet – jusqu’au 19 octobre 

La vie et l’œuvre de Kubra Khademi

Originaire d’Afghanistan, Kubra Khademi n’hésita pas à réaliser sa première performance, Armor, sur la grande place de Kaboul avant de devoir fuir le régime des talibans. Installée en France depuis 2020, elle s’est fait connaître par ses dessins à la gouache et à la feuille d’or et par son courage. Son travail a été présenté dans de nombreuses institutions publiques et privées (parmi lesquelles le Ludwig Museum (Cologne, 2023), la Biennale de Sydney (2024), le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2021), la Collection Lambert (Avignon, 2022). Elle raconte son parcours dans un roman graphique, La fille et le Dragon (Editions Denoël), récit en images dont la galerie Eric Mouchet expose les somptueux originaux ocres et turquoises.

Eva Aeppli & Zhiliang Jin – Tombé.es vers le haut – galerie sans titre – jusqu’au 5 octobre 

Affinités électives

La galerie sans titre a intégré cette année le secteur principal d’Art Basel Paris, un statut qui valide le sérieux de son travail. Pour cette rentrée, la galerie imagine un dialogue passionnant entre les marionnettes à échelle humaine d’Eva Aeppli (1925-2015) et les peintures de Zhiliang Jin (né en 1995, vit et travaille à Guangzhou, diplômé du Royal College of Art à Londres). Les grandes sculptures textiles mélancoliques d’Eva Aeppli (à laquelle le Centre Pompidou Metz consacra une rétrospective en 2022) et les toiles du peintre chinois, traductions spontanées de visions oniriques fugitives, se répondent à travers le temps, leurs univers se confondant dans un jeu de correspondances esthétiques aux confins du rêve et du cauchemar. 

group show Midnight Thought – Exo Exo – jusqu’au 21 septembre

Quelques jours encore pour découvrir trois peintres : Regina Parra (née en 1984) la plus établie, qui vit et travaille entre Sao Paulo et New York, Yann Stéphane Bisso (né en 1998) le plus jeune, installé à Genève et enfin le Parisien Hadrien Jacquelet. Coup de cœur pour la peinture du ressouvenir et de l’ailleurs de Yann Stéphane Bisso, auquel le Prix d’art Helvetia a permis d’exposer en solo à la LISTE Art Fair Basel en juin dernier.