Attention very last day :
Diane Dal Prat – «Remaining Parts»
Il y a un emballement autour de la peinture de Diane Dal-Prat depuis que la galerie Massimo de Carlo l’a présentée à la dernière foire Art Basel à Bâle. Pour sa troisième exposition à la galerie Derouillon, la peintre s’éloigne du figuratif en explorant une veine surréaliste rêveuse qui penche du côté de Magritte. Privilégiant les grands formats, cette peinture nourrie de références – notamment à Domenico Gnoli (1933-1970) – séduit par une palette de couleurs froides, une texture duveteuse et une syntaxe aussi singulière que peu actuelle. Intemporelle ? C’est ce que l’on souhaite à cette jeune peintre à suivre.
Galerie Derouillon ( du 18 octobre au 26 novembre 2022)
Raphaël Zarka – Sculptures gnomoniques
Raphaël Zarka poursuit le projet d’un catalogue raisonné des rhombicuboctaèdres et de leurs incarnations à travers l’histoire. Son intérêt pour les cadrans solaires multifaces est directement lié à cette recherche, qui est aussi une façon de mettre en perspective, par un travail de sculpture, la question de la modernité des formes. De grands dessins, une peinture et des compositions en marqueterie dont les couleurs chaudes illuminent l’espace, complètent cette première exposition à la galerie Mitterrand, pour laquelle l’artiste a également invité le duo Hyppolite Hentgen qui signe une belle peinture murale atmosphériste.
Galerie Mitterrand (du 4 novembre au 23 décembre 2022)
Enivrez-vous – group show
Comme la peinture, Baudelaire n’en finit pas d’être à la mode si l’on en croit les intitulés d’expositions, de La Bourse de Commerce (« Une seconde d’éternité ») au LAAC à Dunkerque (« Comme de longs échos … ») en passant, donc, par cette invitation à l’ivresse pour remonter aux sources de la création. En réunissant les œuvres de 24 artistes (dont un tiers environ spécifiquement conçues), cette exposition célèbre aussi l’esprit de partage. Rien ne relie a priori les empâtements colorés de Myriam Haddad et la palette de Josh Smith, les rébus picturaux de Maude Maris et le langage visuel de Renaud Jerez, si ce n’est le goût des galeristes, qui osent des rapprochements amusants, comme ce castor éméché de Marnie Weber dansant devant les aquarelles d’Ugo Rondinone. On emporte en souvenir l’avertissement de Pierre Ardouvin déguisé en jeu de mots pour image de carte postale, L’ivresse des cimes (2022).
Praz Delavallade (du 4 novembre au 7 janvier 2023)
Ed Ruscha – Tom Sawyer Paintings
C’est la première exposition de tableaux de l’artiste, que l’on a peu l’occasion de voir en France, dans les espaces parisiens de la galerie Gagosian. Avec cette série récente intitulée Tom Sawyer Paintings, Ed Ruscha fait référence au roman de Mark Twain, donc à un pan de la culture américaine. Variation sur un motif trivial – des lattes de bois – cet exercice sériel est une allusion à une scène du livre où le héros renâcle à repeindre une clôture. Mais cette exposition rappelle surtout qu’Ed Ruscha, que l’on associe notamment à ses jeux sur le langage, se définit avant tout comme un peintre. Absents de la toile, les mots ici sont seulement ceux d’un corpus littéraire appartenant à l’imaginaire collectif. Quant à l’artiste, il s’applique avec malice et humilité sur son motif, jusqu’à atteindre l’émotion pure de la couleur.
Gagosian (du 19 octobre au 17 décembre 2022)
Anthony Goicolea – Nothing feels like Everything
C’est avec ses photographies, dans lesquelles il se met systématiquement en scène, en éternel adolescent, qu’Anthony Goicolea s’est fait connaître. Ses tableaux, commencés au début du confinement, représentent pareillement des personnages masculins aux silhouettes juvéniles, figés dans des arrêts sur images cinématographiques. On pense à Peter Doig pour l’impression d’étrangeté frôlant l’absurde et les couleurs saturées, à Claire Tabouret pour les touches de rose et de jaune fluo. Une impression de déjà-vu néo-romantique caractérise également cette peinture maniériste qui rencontre un joli succès.
Poggi (du 18 novembre au 23 décembre 2022)
Mélanie Matranga – Dieu
Elle a fixé des barres dans l’encadrement des portes, que l’on franchit plié en deux, troué les rideaux en chutes de tissus recyclés avec des cigarettes, vidé l’espace pour y placer une lampe en papier surdimensionnée qui ne tiendra dans aucun salon : à première vue, on dirait que Mélanie Matranga n’a pas envie d’être sympa. Mais après tout, est-ce que Dieu (dont on aperçoit le nom en collant son œil au judas), est sympa ? Très attendue depuis son exposition au Palais de Tokyo (2015-2016), l’artiste, qui navigue entre les arts visuels et le cinéma indépendant, présente également ici un ensemble de tirages argentiques en forme de clichés intimes, images à double détente. Le tout crée une forme de théâtralité dont l’humour n’est pas absent et où l’imaginaire parvient à se déployer. Pensez à baisser la tête en entrant.
High Art (du 21 octobre au 3 décembre 2022)
Ronan Bouroullec – Bas-reliefs
Ronan Bouroullec poursuit depuis plusieurs années une pratique artistique indépendante de son activité de designer. Au croisement entre la peinture et la sculpture, il compose ses tableaux, que l’on découvre à Paris pour la première fois, à partir de grandes formes de céramiques aux contours imparfaits, comme des transcriptions en volume de ses dessins géométriques. Le papier est d’ailleurs présent dans le processus qui en conserve la trace. Ses paysages s’inscrivent dans une tradition de l’abstraction, qu’ils renouvellent en intégrant l’émotion de la matière.
Kreo (du 16 novembre au 7 janvier 2023)