Avec Camille Bardin, Samy Lagrange, Luce Cocquerelle-Giorgi & Flora Fettah.
↘ Exposition : « Soleil Triste » au MO.CO de Montpellier.
Extrait :
« Cette année, le commissariat a été assuré par Numa Hambursin et Anya Harrison, assistées de Julie Chateignon et Salomé Ydjedd. Présentée à la Panacée, cette biennale aux allures d’exposition collective a pour ambition de « valoriser la création territoriale et de tenter de caractériser la singularité de ce paysage qui (nous) est proche », pour reprendre les termes du musée. Il y a donc à la fois la volonté forte de s’inscrire localement, en choisissant d’exposer une vingtaine d’artistes, dont la plupart déambulent entre les villes de Sète, Sauve et Montpellier. »
↘ TRANSCRIPTION DES ECHANGES :
Camille Bardin
Bonjour à toutes et à tous, on est ravi·es de vous retrouver pour ce nouvel épisode de Pourvu Qu’iels Soient Douxces. Ce soir aux micros de ce studio : quatre membres de Jeunes Critiques d’Art, un collectif d’auteurs et d’autrices libres et indépendant·es ! Depuis 2015 au sein de Jeunes Critiques d’Art, nous tâchons de repenser la critique d’art comme un genre littéraire à part entière et pensons l’écriture comme un engagement politique. Pour Projets, on a souhaité penser un format qui nous permettrait de vous livrer un petit bout de notre intimité en partageant avec vous les échanges qu’on a officieusement quand on se retrouve.
POURVU QU’IELS SOIENT DOUXCES c’est donc une émission dans laquelle on vous propose un débat autour d’une problématique liée au monde de l’art puis un échange consacré à une exposition. Aujourd’hui nous sommes donc quatre membres de JCA à échanger. Flora Fettah…
Flora Fettah
Bonjour
Camille Bardin
Samy Lagrange
Samy Lagrange
Bonjour Camille
Camille Bardin
Luce Coquerelle-Giorgi
Luce Coquerelle-Giorgi
Salut !
Camille Bardin
Et moi-même, Camille Bardin.
Donc, cross over Marseille-Paris, Flora et Luce qui sont les membres basées à Marseille, enfin deux des quatre membres basé·e·s à Marseille, et Samy et moi qui sommes à Paris. Et on a décidé aujourd’hui de se retrouver à Montpellier, où nous nous sommes rendu·e·s pour découvrir l’exposition SOL! #2, la biennale du territoire à la Panacée. L’idée aujourd’hui, c’était d’ouvrir cet épisode sur les scènes artistiques. L’intitulé exact de notre échange était « Exposer une scène artistique, est-ce une fausse bonne idée ? » Sauf qu’hier, lorsque nous nous sommes toutes et tous retrouvé·e·s sur le parvis de la gare, l’idée de débattre de la pertinence des scènes artistiques dans le contexte actuel nous a vraiment mis mal à l’aise. Pour tout vous dire, on a même eu du mal à parler d’autre chose que de la situation en Palestine.
Flora Fettah
Effectivement, ça nous paraissait important aujourd’hui de ne pas participer à un silence institutionnel qui est lui-même complice d’un discours politique monolithique, en ajoutant du bruit au bruit, en parlant d’autres choses, comme si finalement, il s’agissait d’un simple événement malencontreux, mais éloigné et que la vie pouvait continuer comme si de rien n’était. Alors qu’au sein de ces institutions, on voit fleurir depuis quelques années une quantité d’expositions et de programmes qui se disent décoloniaux ou intersectionnels, auxquels nous participons parfois ; aujourd’hui, ce silence, il est d’autant plus assourdissant. En fait, le décolonial comme le féminisme, ce n’est pas une thématique qu’on traite dans une exposition, c’est une pratique. Ce n’est pas un motif historique lointain, mais un enjeu contemporain dont nous sommes toutes et tous les acteur·ices, qu’on le veuille ou non.
Samy Lagrange
Et puis les prises de parole publiques, les conversations interpersonnelles, interprofessionnelles de ces dernières semaines et les tribunes récentes nous rappellent qu’encore une fois, c’est aux plus précaires d’entre nous, les indépendant·e·s et celleux qui circulent à la périphérie des institutions, d’essayer de porter cette voix. Face à la crainte de perdre ces soutiens et ces subventions, c’est paradoxalement celleux qui n’ont pas de soutiens, pas de subventions qui doivent encore s’exprimer, et quelque part se mettre en danger. Cette situation nous rend solidaires de toutes celleux qui luttent, sans le soutien des institutions, et font le travail, souvent, des institutions.
Luce Coquerelle-Giorgi
L’économie précaire dans laquelle nous nous trouvons en tant qu’indépendant·es nous contraint à continuer à travailler, à poursuivre les engagements que nous avons pris par rapport à nos partenaires, à faire de la prospection, à gagner de l’argent. Tout en continuant à être solidaires, à militer et à s’informer, nous devons continuer nos activités professionnelles. Nous avons donc décidé tous·tes les quatre de ne pas débattre, de ne pas avoir ce débat autour des scènes artistiques et nous allons seulement évoquer avec vous la deuxième édition de SOL!, la biennale du territoire, organisée par le MO.CO.
Camille Bardin
Est-ce que Luce, du coup, tu voudrais bien nous introduire cette exposition, s’il te plaît ?
Luce Coquerelle-Giorgi
Cette année, le commissariat a été assuré par Numa Hambursin et Anya Harrison, assistées de Julie Chateignon et Salomé Ydjedd. Présentée à la Panacée, cette biennale aux allures d’exposition collective a pour ambition de « valoriser la création territoriale et de tenter de caractériser la singularité de ce paysage qui (nous) est proche », pour reprendre les termes du musée. Il y a donc à la fois la volonté forte de s’inscrire localement, en choisissant d’exposer une vingtaine d’artistes, dont la plupart déambulent entre les villes de Sète, Sauve et Montpellier. Et, camouflé sous un désir taxinomique se trouve la tentative de dire quelque chose de cette « scène artistique », réunie ici sous l’égide d’une figure étonnante, celle du marquis de Sade. Chèr·es auditeurices, si je vous dis Justine ou les Malheurs de la vertu, est-ce que ça vous dit quelque chose ? Le propos curatorial se tisse autour de ce roman, qui retrace le parcours malheureux de Justine, dont la « vertu » ne cesse d’être éprouvée tout au long de sa courte vie, à force de violence sexuelle… Pourquoi ce livre spécifiquement ? pour renforcer l’inscription sur le territoire de Montpellier, puisque c’est ici que notre marquis aurait rencontré sa muse – celle qui lui inspira cette Justine maltraitée. Personnellement, je ne suis grande pas une lectrice de Donatien Alphonse François de Sade [rire] et mon imaginaire concernant ce monsieur de la fin du XVIIIe s’arrête à des scènes de viols et de torture, qui ont été pendant trop longtemps apparentées à de l’érotisme. Pour beaucoup, il reste tout de même le paradigme du semeur de troubles, celui qui, par les mots, remet en cause le pouvoir religieux et politique et qui, de ce fait, s’est d’ailleurs retrouvé en prison pendant pas mal de temps. Avec cette exposition Soleil Triste, les curateurices prétendent embrasser « l’ordre éthique et esthétique sadien » et tirent deux fils conducteurs : le corps et le langage, qui seraient tous les deux au cœur des pratiques artistiques réunies dans la biennale. Je n’ai pas trouvé ça particulièrement pertinent, mais je vous laisse me donner vos avis.
Camille Bardin
Et avant que vous donniez votre avis, qu’on donne toutes et tous notre avis, on souhaitait préciser, parce que comme vous le savez, il est très important pour nous de maintenir notre indépendance et ça passe aussi par le fait d’être complètement transparents et transparentes avec vous sur nos conditions de visite des expositions, etc. Sachez que nous avons visité cette exposition dans le cadre d’un voyage de presse. Nos billets de train pour aller de Marseille jusqu’à Montpellier et de Paris jusqu’à Montpellier ont tous et… j’allais dire « toutes et tous » [rire] Ils ont tous été payés par le MO.CO. Ensuite, on a fait l’exposition seul.e.s et on a eu la possibilité néanmoins d’échanger à la fin, de poser nos questions à Julie Chateignon, qui est l’assistante d’Anya Harrison sur cette exposition. Sinon, notre logement sur place est payé par Projet Média, donc à ce niveau-là, tout roule. Cela étant dit, je me tourne vers vous, Flora et Samy. Est-ce que vous voulez tout de suite embrayer sur le marquis de Sade ou le reste de l’exposition de manière générale ? Allez, Samy.
Samy Lagrange
Oui, moi, je saisis la perche lancée par Luce pour parler du marquis de Sade. Tout simplement parce que c’est la première chose qui m’a interpellé quand on est arrivé.e.s dans l’exposition et je pense que c’est une interpellation partagée. Je ne savais pas du tout que ça allait être la référence convoquée. Alors, je pense qu’autour de cette table, personne n’est vraiment spécialiste du marquis de Sade, ni de sa pensée esthétique et politique. C’est vraiment ce que ça a convoqué en moi depuis hier soir. Moi, ce qui m’a bloqué tout de suite, c’est que pour moi, Sade, c’est un thème déjà très précis et très complexe pour une exposition, notamment pour une biennale. C’est une référence qui vient s’articuler à d’autres impératifs théoriques de la biennale, qui est déjà la réunion d’une scène, d’un régionalisme. Du coup, déjà, ça me paraissait très précis et très complexe. Et en plus, particulièrement autour de Sade, ça me semble être un thème qui demande une manipulation très délicate pour qu’il puisse devenir un outil intellectuel et politique. L’éthique chez Sade, ça c’est quand même un gros morceau, même si on se cache ou qu’on convoque les thèmes du langage et du corps, notamment parce que dans mes souvenirs, en tout cas, les écrits de Sade durant la période révolutionnaire, posent la question de la liberté et notamment de la liberté individuelle. Est-ce qu’être tout à fait libre, est-ce qu’être radicalement révolutionnaire, c’est pousser la liberté individuelle à son paroxysme ? Ce qui est une position qui, pour moi, rentre plutôt en contradiction avec de nombreuses œuvres de l’exposition qui, justement, évoquent une liberté, une révolution qui n’est possible que dans le collectif, que dans la communauté, que dans la solidarité. Je trouvais qu’en tout cas, s’arrêter à un simple texte qui est relativement court, relativement superficiel, qui ne va pas très loin sur ces questions éthiques, politiques et intellectuelles chez Sade, ça ne suffit pas à démêler tout ça, et à nous… [il réfléchit] C’est peut-être pas que c’est nécessaire d’aller jusqu’à ce point-là pour une biennale, d’avoir vraiment un commentaire éthique, politique et intellectuel, mais en tout cas, moi, ça me fait l’effet inverse. On me dit « Sade » et du coup pour que ce soit clair, il faut que ce soit précis parce que sinon, ça m’amène totalement à l’opposé de ce qu’on est en train d’essayer de me dire, j’ai l’impression. Et du coup, ça m’a un peu fait penser à la question « provocation/transgression ». Je me rappelle que l’année dernière, durant une conférence où j’avais été invité pour parler de la transgression dans l’art contemporain, thème relativement large déjà, on avait fini par me demander si cette position transgressive dans un certain art contemporain, ce n’était pas simplement une simple position esthétique, une colère finalement mal placée, superficielle, un héritage…
Flora Fettah
Agréable…
Samy Lagrange
Oui, non, mais alors c’est un peu mes mots, c’est ce que je ressentais. Est-ce que finalement, vu que c’est qu’une esthétique, on ne pouvait pas un peu passer outre tout ça ? Est-ce que ce n’est pas juste un héritage un peu stérile qu’une position punk dépassée ? Je ne sais pas si j’avais bien répondu à l’époque, mais ça me paraissait pourtant très clair que la transgression a pour but de subvertir les normes. C’est l’étape avant la subversion et donc c’est vraiment une modalité de la lutte politique. Alors que la provocation, elle s’instaure sans but précis et pour le coup, est une véritable esthétique tournée sur elle-même. C’est simplement une position esthétique où simplement on convoque quelque chose pour déranger, pour parasiter, mais il n’y a pas de but politique derrière. Et du coup, là, juste dropper « Sade », ça m’a… Encore une fois, je ne sais pas quelles sont toutes les attentions derrière. On n’a pas pu rencontrer la commissaire générale de l’exposition, donc du coup avec toutes les précautions que ça demande. Mais ça m’a un peu fait penser à ça. On drop « Sade », c’est quelque chose qui est à la fois polémique, sexy et toléré dans l’intellectualisme de la République aujourd’hui.
Camille Bardin
[murmuré] Ouais grave.
Samy Lagrange
Et si on n’en fait rien de plus précis, ça reste, j’ai l’impression, de l’ordre de la provocation et potentiellement de la provocation mal placée, parce que je pense que ça a pu choquer, sinon la majorité des visiteureuses de l’exposition, au moins des gens qui cherchaient des réponses politiques dans cette scène artistique qui est exposée.
Camille Bardin
Han… Merci Samy. Tu as vraiment posé les mots exacts sur ce que je ressentais et que je n’arrivais pas du tout à analyser. Flora, vas-y ! [rire]
Flora Fettah
Une montée en généralité d’une toute beauté !
Camille Bardin
Ah oui, vraiment ! Pouf ! C’était un massage au cerveau. [rire]
Flora Fettah
Moi, avant de continuer, Camille, est-ce que tu peux lire la citation qui commence le texte d’exposition, parce que je ne m’en remets toujours pas et en plus, je pense que Luce, tu avais des choses à dire sur le sujet.
Camille Bardin
Han mais oui ! Je cite : « Mais la philosophie, Justine, n’est point l’art de consoler les faibles ; elle n’a d’autre but que de donner de la justesse à l’esprit, et d’en déraciner les préjugés. Je ne suis point consolant, moi, Justine ; je suis vrai. » Donc c’est un extrait de La nouvelle Justine du marquis de Sade. Pfff. Juste de le relire, ça me fout des frissons. Mainsplaining, paternalisme,… La totale. Vas-y Flora !
Flora Fettah
Il lui dit : « Justine, ta gueule. » en fait. [rire]
Camille Bardin
Oui, vraiment…Pfff.
Luce Coquerelle-Giorgi
C’est vrai que c’est assez étonnant cette citation, parce qu’il y a aussi cette… ce choix qui a été fait de prendre La Nouvelle Justine et pas les versions plus anciennes, parce que Justine ou Les Malheurs de la vertu, c’est le premier livre en fait de Sade qu’il n’a cessé de réécrire durant sa vie. Et dans les premières versions, Justine a la parole. Ce n’est pas un point de vue dit « objectif » qui peut décrire tous ses malheurs, mais c’est vraiment elle qui les décrits. [Le fait] d’avoir choisi cette version-là, qui est une version plus ancienne et qui a été retravaillée par la suite, ça signifie aussi quelque chose sur le regard qu’on va poser sur l’héroïne (ou l’anti-héroïne comme on veut). Voilà, je pense que c’était un peu…
Camille Bardin
Ouais, précision de ouf.
Luce Coquerelle-Giorgi
Une petite précision.
Camille Bardin
Flora ?
Flora Fettah
C’est vrai que, sans épiloguer sur le marquis de Sade, c’est assez criant de voir le décalage entre l’intention curatoriale et les œuvres qui sont présentées. Pour moi, quand on parcourt l’exposition, je ne parviens pas à comprendre le lien entre les intentions énoncées, le travail des artistes et même entre les œuvres des artistes elles-mêmes. Évidemment, en parcourant les salles de l’exposition, j’ai retrouvé des artistes que j’affectionne, des œuvres que j’ai plaisir à voir. Je pense à Vir Andres Hera qui a adapté son film Daftar dans une nouvelle forme d’installation, et c’est très beau. Je pense à Nesrine Salem avec son film « What is the residue left from setting a black puddle on fire » dont l’ironie mordante et la douceur m’a transportée. J’ai trouvé également le travail de Soufiane Ababri, de Lou Masduraud qui sont des pièces super intéressantes. Mais franchement, pour la première fois, on se demande si finalement, être présent.e.s dans une telle exposition sert réellement les œuvres. Je crois que je m’étais jamais dit ça avant.
Camille Bardin
Oui, je suis complètement d’accord avec tout ce qui a été dit jusqu’ici. D’autant que.. Je trouve ce qui était un peu.. ce que j’attendais en découvrant cette exposition et ce qui me faisait un peu peur, c’est justement le fait de parler de « biennale du territoire ». Ça entend que du coup, on a fait une sélection d’artistes dont le point commun, c’est finalement d’avoir un lien avec le territoire, qu’iels soient né.e.s ici, qu’iels ont fait leurs études ici ou vivent aujourd’hui ici. Pour moi, un des écueils [du fait] de montrer une scène, c’est de se dire qu’en voulant embrasser la totalité… De fait, c’est impossible d’embrasser la totalité et de fait, on exclut inévitablement des personnes. Pour moi, pour éviter un peu cet écueil-là, ce qui est nécessaire, c’est de porter sa voix et de visibiliser ses choix et son processus de travail, donc de dire tout simplement au public pourquoi on a choisi d’exposer tel.le artiste plutôt qu’un.e autre, etc. C’est vraiment ce que j’attendais, finalement, de cette exposition, c’est qu’à un moment donné, on sache au-delà… du coup il y a cette idée de thématique. J’imagine que premièrement, ils ont choisi, enfin Anya Harrison aurait choisi les artistes parce qu’iels rentraient ou pas dans sa thématique. Mais au-delà de ça par exemple, on a posé plusieurs questions à Julie Chateignon par rapport aux rémunérations. Mais au-delà des rémunérations, il y a les questions de production. Il y a des œuvres qui ont été produites spécifiquement par le MO.CO. pour cette exposition. Il y en a d’autres qui sont simplement montrées ici. J’aurais bien aimé savoir pourquoi en fait. Pourquoi certaines œuvres sont produites ou pas, ou adaptées pour l’exposition ? Pourquoi d’autres non ? J’aurais aimé savoir simplement pourquoi on me montrait tel.le ou tel.le artiste plutôt qu’un autre ou qu’une autre. Et ça, j’ai trouvé que c’était vraiment très compliqué de pas visibiliser son savoir-situer… ses choix en fait tout simplement.
Flora Fettah
Oui, je suis entièrement d’accord avec toi, Camille, et je pense que le manque de clarté est une des choses qui pêche. C’est vrai que dans sa préface, le directeur du MO.CO. se réclame d’une volonté d’accumulation, de superposition et d’enchevêtrement. Bah alors là, l’enchevêtrement, on y est tellement qu’on ne comprend plus rien. Déjà, on parle de « biennale du territoire. » Moi, ça me pose un petit peu question parce que si on revient sur ce qu’est une biennale, bon d’abord, il y a le critère de la régularité, tous les deux ans. C’est OK, on y est. C’est la deuxième édition. C’est un espace sans vente qui est théoriquement tourné vers les expérimentations artistiques et pas vers le marché. Très bien. Et après vient le point caractéristique qui est problématique et qu’on ne retrouve pas ici, c’est la présentation d’œuvres à grande échelle de type méga-exposition, investissant parfois l’espace public. Ça, clairement, on n’y est pas. Mais en relisant la préface, encore une fois, j’ai vu qu’il y avait une volonté de revendiquer une certaine forme de modestie qui est souvent liée dans les imaginaires à ce qu’on dit quand on parle de biennale de territoire : la modestie, le local, la simplicité presque folklorique d’une ville de province et de sa région. C’est là où pour moi, il y a un problème, c’est que je n’attends pas forcément qu’on m’en mette plein la vue avec des nouvelles productions à 10 000 balles. Par contre, iels ont quand même réussi l’exploit de faire une biennale du territoire où on ne parle pas du territoire, ce qui est un peu dommage. On ne comprend pas vraiment le lien des artistes avec le territoire. De nous en rajouter une couche avec le marquis de Sade, supposément du fait de son lien au territoire, mais en fait du coup pour parler du corps et du langage… avec effectivement des artistes qui parlent du corps et du langage. Mais dans le même temps, en faisant une exposition qui est à plusieurs, c’est-à-dire une exposition collective, qui est à taille extrêmement humaine, quand même tomber dans les travers des biennales, qui sont ce qu’on appelle « des machines hégémoniques » et donc qui vont entraîner une homogénéisation du discours et des œuvres et en même temps en retirer toute la « substance transgressive. » Merci, Samy. [rire]
Camille Bardin
Luce ?
Luce Coquerelle-Giorgi
Oui, je suis quand même assez troublée par cette histoire du marquis de Sade dans le sens où il y a quand même cette idée, quand on veut parler d’une scène artistique, de choisir des critères pour en parler. Là, évidemment, il y a le critère géographique, inscrit sur un territoire singulier qui est celui de la région Montpellier. Mais rajouter ce critère très spécifique qui est celui de la transgression du corps, du langage, mais tout ça sous l’égide d’une figure qui est quand même très lourde, qui est celle du marquis de Sade, ça me… ça continue à me questionner et surtout, je trouve que les œuvres sont écrasées sous cette idée-là. À la fois, je trouve que c’est quelque chose qu’on peut oublier quand on est dans l’exposition c’est-à- dire que dans ce cas-là, si ce n’est pas nécessaire, pourquoi en parler ?
Camille Bardin
Complètement.
Luce Coquerelle-Giorgi
Et d’un autre sens, si on reste avec cette idée-là en tête, à quel point ces œuvres-là peuvent en sortir grandies ? À quel point c’est intéressant dans l’environnement artistique et culturel qui est présenté devant nous de convoquer cette figure de proue de la provocation, ou de la transgression, à voir. C’est un peu ça qui continue à me questionner.
Camille Bardin
Samy ?
Samy Lagrange
Peut-être pour faire suite et pour conclure, enfin pour conclure sur ce sujet-là, parce que vous l’avez évoqué toutes les trois. Dès ton introduction, Luce, tu disais que c’était quand même une biennale qui ressemblait beaucoup à une exposition collective. Je suis d’accord avec tout ce que vous avez dit. Moi, ce qui m’a troublé dans mon expérience de visite… Et encore une fois, vous m’arrêtez si j’ai faux, mais parce que mon expérience de visite d’une biennale, en vrai, elle est assez légère et j’y vais un peu pour en prendre plein les yeux. C’est un peu l’Exposition Universelle.
Camille Bardin
Complètement ! C’est Disneyland !
Samy Lagrange
C’est Disneyland. Et de toute façon, c’est d’habitude tellement gros que tu ne t’arrêtes pas précisément et vraiment, au milieu de 200 œuvres, tu vas en retenir quatre, souvent les plus immenses. Et je ne sais pas, ça cartographie plus qu’une scène, presque un air du temps. Ça veut dire qu’est-ce qu’on a envie de montrer ? Qu’est-ce qu’une ville a envie de montrer ? Qu’est-ce qu’un pays a envie de montrer ? Qu’est-ce qu’un.e commissaire star a envie de montrer ? Par contre, dans une exposition collective, ce n’est pas du tout ça que je cherche. Là, par exemple, est-ce que tu sais, Luce, combien il y a d’artistes ?
Luce Coquerelle-Giorgi
Il y a une vingtaine d’artistes.
Samy Lagrange
Une vingtaine d’artistes présenté.e.s. Ça laisse quand même le temps de se poser plus ou moins sur chacun.e. Moi, je n’avais pas la matière. Comme dans une biennale, on a un propos liminaire très rapide et superficiel et après simplement des notifs… des notices pardon pour rappeler qui sont ces artistes et en gros, d’où iels viennent, quel âge iels ont, quelle est la grosse thématique de leur travail général. Et là, moi, ça ne me suffisait pas parce que j’ai l’impression que l’enjeu de leur travail, notamment des créations qui étaient présentées, était simplement abordé au détour d’une demie phrase et que je n’avais pas assez pour comprendre vraiment ce qu’on me disait. Alors que là, comme tu le disais, Luce, il y a quand même cet enjeu d’avoir une thématique très forte et moi, je voulais comprendre comment ça s’articulait à cette thématique. Et en gros, il n’y a pas de texte curatorial ou critique. Et du coup, moi, ça m’a un peu manqué. C’est pour ça que j’étais dans une biennale qui ne ressemblait pas à une biennale et une exposition collective qui ne me donnait pas assez de matière pour que je puisse l’apprécier.
Camille Bardin
Oui, à titre personnel, c’est vrai que comme ce que tu disais Flora, il y a aussi pas mal d’artistes qui étaient présenté.e.s dans cette exposition, cette biennale donc, que je connais et que je suis aussi depuis un moment. Et en fait, je me disais c’est fou parce que c’est encore une fois, c’est des œuvres que soit j’avais déjà vues, soit que je connais quand même bien, pour en avoir parlé avec les artistes en question. Je pense que si ça n’avait pas été le cas, je serais passée complètement à côté. Franchement, ça me fait mal au cœur. C’est que je me dis c’est vraiment triste. Et aussi, il y a quelque chose qui m’a marquée, c’est les inégalités de monstration. C’est que par exemple… Je ne sais pas du tout à quoi c’est dû. Je parlais tout à l’heure du fait qu’il y avait des inégalités en termes de budget de production. Il y a cinq œuvres exactement qui ont été produites pour l’exposition. Donc il y a cette première inégalité-là. Ça, nous, on l’a su parce qu’on a demandé à Julie Chateignon, mais même un visiteur ou une visiteuse lambda… Les inégalités nous sautent aux yeux aussi parce qu’il y a par exemple la salle de Paul Maheke qui est très belle où il y a vraiment un univers total qui est proposé. Vir Andres Hera, pareil, c’est très beau. J’étais très heureuse, pour le coup, je trouve que c’était une des fois où ça avait été le mieux présenté, finalement, son film, parce qu’iel l’a déjà présenté à trois ou quatre prix. Je te regarde Flora, je ne sais plus ce qu’il en est, au Salon de Montrouge… Non, deux finalement. Bref, qu’importe, mais en tout cas, c’est la fois où je l’ai préféré. Mais du coup, il y a vraiment des grosses inégalités. Il y a cette grosse pièce de Chloé Viton au milieu de la salle. Chloé Viton est partie, du coup, il me semble, en résidence au Japon pour la réaliser. Soit, très bien, mais ça fait vraiment du mal aux autres œuvres aussi qui paraissent perdues au milieu de tout ça. J’ai pas compris. Vraiment, j’ai pas compris. Je crois que c’est la première fois qu’on est… Non, on a déjà été assez critique vis-à-vis d’exposition mais là, j’avoue que ouais, ça m’a rendu un peu triste quoi. Mais bon, là, c’est quand même assez lourd depuis tout à l’heure. Samy, est-ce que tu as quelque chose de positif à dire quand même ?
Samy Lagrange
Oui.
Camille Bardin
Wouhou !
Samy Lagrange
Parce qu’en fait, j’ai quand même pas passé un mauvais moment.
Camille Bardin
Bon ! Parce que tu étais avec nous, déjà, s’il te plaît ! [rire]
Luce Coquerelle-Giorgi
Non mais c’est vrai, moi non plus, j’ai plutôt passé un bon moment quand même.
Samy Lagrange
L’exposition n’est pas violente à traverser. C’est assez agréable. Alors, là, pour le coup, c’est vraiment à taille humaine parce que ce n’est vraiment pas grand. Mais en fait, dès la première salle, j’ai trouvé vraiment des œuvres qui m’ont beaucoup plu, beaucoup touchées et ça s’est continué régulièrement pendant tout le parcours, à partir de l’œuvre de Marion Mounic. Je vais peut-être pas toutes les décrire et je pense que je serai pas un bon descripteur de toutes ces œuvres. Mais c’est souvent les œuvres, comme tu le disais Camille, qui ont profité d’une production du MO.CO. ou alors qui ont été réadaptées avec l’aide du MO.CO. Mais oui, dès Marion Mounic au début, la pièce de Lou Masduraud est très belle dans sa réadaptation pour le MO.CO. Chloé Viton, effectivement, c’est quand même très impressionnant. Il y a une pièce qui ressemble pas mal à celle de Chloé Viton un peu avant, de Joy Charpentier, qui aussi, c’est… Bon, ce que j’ai aimé, c’est les figures monumentales. [rire] Du coup, je me pose la question si c’est moi qui ai encore un problème avec tout ce qui est monumental et environnemental ou si justement, comme tu le disais, il y a une telle distinction qu’on ne voit que ça, finalement, dans cette exposition. Mais en tous cas, paradoxalement, avec tout ce qu’on dit sur notamment le propos et l’exécution qui nous posent problème, j’ai vu des pièces dans cette exposition qui m’ont beaucoup plus exalté que tout ce que j’ai vu ces derniers mois en termes d’exposition où je n’ai pas eu des… Je ne sais pas si on peut parler de coups de cœur, mais de vraies œuvres pour lesquelles je me dis « Ah ça, j’ai envie de m’en souvenir. » Et je pense que, comme souvent dans notre métier, ça fait des semaines, des mois où je me suis dit « Je vois des expositions et finalement elles disparaissent totalement de ma mémoire parce que rien ne m’a touché. » Donc il y a quand même cette tension dans l’exposition, je trouve.
Flora Fettah
Donc rendez- vous dans quelques mois pour voir si tu t’en souviens quoi. [rire]
Camille Bardin
On te checkera. [rire] Flora ? Luce ? Peut-être faire un point sur les rémunérations ? Parce qu’on a quand même pris le temps d’en discuter.
Flora Fettah
Ce que je retiens, Samy, de ce que tu as dit, c’est que finalement, si on est d’accord sur le fait que le propos curatorial est confus et peu approprié, la sélection des artistes est plutôt bonne, ce qui traduit selon moi d’un soutien réel à une certaine scène artistique telle qu’iels l’ont définie. Après, je pense que c’est important de dire que quand on parle de soutenir une scène artistique, un territoire, c’est important de savoir si ça reste de l’ordre du symbolique, a.k.a. le fameux paiement « visibilité », ou si les espèces sonnantes et trébuchantes sont également de mise et si oui, de combien est-ce qu’on parle ? Du coup, c’est la question qu’on a posée aux équipes curatoriales. Donc, si j’ai bien compris, 200€ d’honoraire sont prévus pour chaque artiste participant ou participante, c’est-à-dire le minimum recommandé par DCA et ce, pour toustes, sans distinction. Il n’y a pas eu d’adaptation et de majoration pour les artistes qui ont produit ou adapté des œuvres. C’est la même rémunération pour tout le monde. Ensuite, s’ajoute à ça un budget de production qui est fixé au cas par cas et qui, si je ne dis pas de bêtises, va de quelques centaines d’euros à quelques milliers. Une fourchette assez grande. Évidemment, les frais de transport et de montage sont pris en charge et on doit quand même noter le travail de grande qualité des équipes techniques de production et de montage dont on ne parle pas souvent assez. Et là, franchement, c’était très bien. Tu parlais de la pièce de Lou Masduraud, franchement on voit que le travail d’adaptation des équipes techniques était…
Samy Lagrange
C’est super bien fait.
Camille Bardin
Et puis même Marion Mounic, le bordel. Il faut quand même dire, c’est un mur au henné. Et iels l’ont fait avant de faire le reste de l’accrochage. Donc, ils ont dû couvrir ce mur-là pour ensuite installer toutes les œuvres. Vous imaginez la fragilité que peut être un mur fait au henné. Même les conditions de travail derrière, puisque ça sent, ça fait de la poussière, etc. Clap, enfin bravo, bravo.
Flora Fettah
Franchement, merci, bravo. Je pense qu’un truc qui a été assez intéressant dans le fait d’adresser cette question des rémunérations directement avec l’équipe curatoriale, c’est qu’on a appris un truc complètement hallucinant, c’est le barème de l’ADAGP, dont moi je n’avais pas connaissance en ce qui concerne les expositions et qui est une sorte de tarif dégressif où quand on fait une exposition monographique, on est payé 1 000 €, quand on fait une exposition à deux, on est payé 500 €, mais après, si on est quatre, cinq, six, sept, ça diminue. En fait, à sept artistes et plus, la demande est seulement de 150 € par artiste, ce qui est extrêmement bas, ce qui est plus bas que les recommandations de l’AICA.
Camille Bardin
La DCA.
Flora Fettah
Pardon. Ce qui est plus bas que les recommandations de la DCA, et ce qui ne prend évidemment pas en compte la spécificité des œuvres, le nombre d’œuvres, le temps de durée de l’exposition, etc., etc. Franchement, 150 €, tu peux aller t’acheter un goûter quoi.
Camille Bardin
C’est A-B-U-S-É. Alors là du coup, Julie Chateignon nous a quand même précisé qu’iels s’interrogeaient là-dessus et que l’objectif, c’était de faire en sorte que toustes les artistes soient payé.e.s 200 €. Néanmoins, si j’ai bien compris par rapport à ce qu’elle nous disait, c’est que les artistes ont découvert ça une fois que l’exposition a été lancée et il n’y a pas eu de contrat en amont. Donc tout ça… Enfin ouais..Ça avait l’air assez compliqué. Néanmoins, tu l’as dit, perdième, etc. Mais 200 €… Déjà, la grille tarifière de la DCA est excessivement basse. Mais si en plus on baisse encore plus, c’est un peu terrifiant.
Luce Coquerelle-Giorgi
Moi, je remarque quand même cet effort de production qui n’est pas toujours efficient dans les biennales ou dans les expositions collectives, qui prouve quand même un certain engagement et une attention à la carrière artistique de jeunes artistes, notamment. Néanmoins, en effet, comme tu viens de le soulever aussi Flora, ces problématiques liées à la rémunération continuent à nous poser questions et on sera encore attentifs et attentives à ces questionnements- là.
Samy Lagrange
Je vais peut-être finir sur des grosses généralités, mais cette exposition, elle m’a quand même remis en tête la question de comment exposer une scène, qu’elle soit géographique, générationnelle, théorique, thématique. Tu le disais un peu, Camille, tout à l’heure, il y a toujours un écueil dans les biennales et dans ces expositions de scènes, parce que de toute façon, ça sera toujours non exhaustif, que ça pose problème, ce truc non exhaustif, donc le projet même est un peu bancal. Moi, ça me fait penser et franchement, c’est peut-être une impasse intellectuelle ce que je vais lancer, mais dans [le fait d’] exposer la scène artistique, c’est toujours soit un outil de définition depuis l’extérieur, mais aussi l’exposition de scène, elle peut être un outil d’auto-définition. On peut dire quelle est notre scène et vouloir se montrer en collectif, ce qu’on appellerait du coup un « endonyme », le fait de se donner soi-même un nom, soit à son groupe ou à son territoire. Et là, c’est déjà un peu plus intéressant parce que même si cette scène, ça va être comme tu l’as très bien dit, Camille, une photographie à un moment donné, donc dès qu’elle est photographiée, elle est déjà caduque, elle est déjà passée, on est déjà ailleurs. Mais c’est déjà plus intéressant que les gens se définissent elleux-mêmes. Par exemple, en histoire culturelle, il y a un concept qui s’appelle la « communauté émotionnelle », qui a été forgé par Barbara Rosenwein. La « communauté émotionnelle », c’est lorsqu’un même groupe expérimente collectivement une même émotion, la partage et la médiatise. Je trouve que c’est bizarrement assez beau de penser comme ça. Je ne sais pas si c’est effectif, mais je trouve ça assez beau de penser à la scène en termes de communauté émotionnelle ou affective, qui se distingue non pas par ce qu’elle a de commun, mais ce qu’elle partage émotionnellement et ce qu’elle va décider collectivement de partager de cette émotion. Pour en arriver là, bah je pense que cette position surplombante du.de la curateurice, souvent curateurice qui est assez éloigné.e de la scène en question d’ailleurs.
Camille Bardin
Ce qui n’est pas du tout le cas d’Anya Harrison. Elle travaille au MoCo.
Samy Lagrange
Oui tout à fait.
Camille Bardin
Elle vit à Montpellier.
Samy Lagrange
Elle partage les thèmes de spécialité des artistes qu’elle expose.
Camille Bardin
Complètement. Ses sujets de recherche, on nous l’a redit, ses spécificités c’est les problématiques queers, etc. Enfin, tu vois le corps, la sexualité, etc.
Samy Lagrange
Mais de toujours avoir ce regard institutionnel ou alors, même s’il n’est pas institutionnel, ce regard surplombant de quelqu’un qui potentiellement ne partage pas cette communauté émotionnelle. Parce que ce n’est pas la même chose que de comprendre, de travailler avec et de partager, de faire partie de la communauté émotionnelle d’un groupe. C’est peut-être un écueil qu’on n’arrivera jamais à dépasser et il faudrait peut-être… Bah peut-être des volontés institutionnelles de donner de l’argent à des groupes pour qu’ils s’auto-montrent et de la manière dont ils veulent et montrer la partie qu’ils veulent médiatiser de ce qu’ils pourraient appeler « leur scène », s’ils l’appellent « leur scène. »
Luce Coquerelle-Giorgi
Mais oui, pour moi, ça rejoue aussi pas mal de choses qu’on voit en philosophie sur la définition de l’art, de ce que c’est une scène artistique en général ou pas. Il y a ce truc, comme tu dis, qui vient de l’extérieur, que ce soit institutionnellement avec des curateurices ou des critiques d’art aussi. On fait partie aussi de cette hégémonie qui pose un regard surplombant. Mais il y a aussi, comme tu le disais, des artistes qui vont avoir une parole performative. Et je trouve ça très beau aussi ce que tu racontais avec ce partage d’expérience émotionnelle… Ah ! Je n’articule plus. [rire] Je trouve que ce côté performatif, il est intéressant, mais des fois, il a aussi cet écueil où on peut ne pas avoir de discours intergénérationnels, ce qui n’est pas nécessairement le cas, mais en tous cas, ça peut être aussi quelque chose de partagé avec une seule génération. Et donc là, on reprend le critère selon les générations. Et je pense que ce qui est intéressant, c’est un peu ce regard-là que permet le rôle du curateur ou de la curatrice, c’est de pouvoir créer des liens familiaux même presque, de famille choisie, mais qui tissent des relations avec des personnes qui sont plus âgées. On l’a vu dans d’autres expositions à Montpellier également où il y a des rapports intergénérationnels comme ça qui paraissent importants.
Camille Bardin
A titre personnel, à l’inverse, je pense que la voix d’Anya Harrison était pas assez présente. J’aurais préféré vraiment qu’elle prenne la parole et qu’elle dise pourquoi elle a choisi chacun et chacune de ses artistes. Je pense que ça aurait été vraiment d’autant plus intéressant. Heu… Ça fait 50 minutes qu’on enregistre. Vous aurez évidemment moins de temps [après montage], mais néanmoins, il faut qu’on rende l’antenne, même si voilà… [rire] Merci Samy, Flora et Luce pour vos mots. Merci, chères auditeurices de nous avoir écouté.e.s. On vous retrouve d’ici 15 jours – trois semaines pour un nouvel épisode de Pourvu Qu’iels Soient Douxces, mais d’ici là, on vous embrasse !
Samy Lagrange
Au revoir, merci.
Flora Fettah
Merci au revoir !
Luce Coquerelle-Giorgi
Ciao !