CUT, COPY, PASTE

Du 19 au 22 mai 2022, le salon du dessin contemporain Drawing Now reprend sesquartiers au Carreau du Temple, à Paris. À travers trois secteurs qui multiplient les
solo shows, les propositions immersives et les associations entre dessin et médiums
divers, The Steidz présente ses découvertes. Couper, copier, coller : réunies sous la
thématique de la manipulation des images et du papier, plus que jamais, le dessin
passe à l’action.

Rob Miles, Detail (Kitchen), 2022, collage, 40 x 40 cm, courtesy Galerie Catherine Putman

Trop souvent compris comme la trace d’une mine de crayon sur papier, le dessin ne se
confine pas au rôle d’esquisse. Il explore d’autres horizons de façon à se détacher de son
aspect bidimensionnel – la surface plane d’un support – pour acquérir une nouvelle
matérialité qui advient sous l’impulsion de plusieurs gestes. À commencer par le découpage,
comme le pratique Rob Miles (né en 1987) qui n’hésite pas à confondre les perspectives
pour créer des compositions dominées par l’aplatissement. Christine Crozat (née en 1952),
quant à elle, superpose des feuilles de calques trouées qui opacifient partiellement ses
dessins en arrière-plan, offrant ainsi une image creusée de paysages abstraits.

Christine Crozat, Paysage Mentale, 2020, technique mixte sur papier, courtesy Galerie Éric Mouchet

Détachée du cadre rectangulaire traditionnel imposé par la feuille de papier, Misleidys
Francisca Castillo Pedroso (née en 1985) multiplie les silhouettes de personnages
bodybuildés. Son esthétique énigmatique se définit par des traits de visages marqués, des
muscles saillants et des couleurs enfantines qui habillent ces corps d’hommes et de femmes
hors du commun dont elle découpe soigneusement les contours. Sa pratique se parachève
au moyen de plusieurs morceaux de ruban adhésif brun, venant fixer ses protagonistes à la
manière d’une planche anatomique, et attribuant à ses œuvres un caractère graphique.


Misleidys Francisca Castillo Pedroso, Sans titre, 2016, gouache sur papier, 23.7 x 36.5 cm, courtesy
Christian Berst Art Brut

L’intégration de dimensions supplémentaires au dessin s’amène aussi par la technique du
collage, qu’il soit littéral ou falsifié. Alice Quaresma (née en 1985) s’appuie notamment sur la
mixité des médiums pour expérimenter la sensorialité des photographies qu’elle prend
comme support. Peinture, crayon, ruban adhésif : elle intervient sur des images tirées de ses
propres archives pour retranscrire des atmosphères personnelles et des émotions.

Alice Quaresma, Over the Top, 2021, peinture acrylique, crayon de couleur, ruban adhésif et photo
sur impression photographique, 60 x 45 cm, courtesy de Patrick Heide Contemporary Art

Ruth Marten, Pele opens the Earth, 2021, collage sur papier, 38,1 x 22,5 cm, courtesy Van der
Grinten Galerie

Par le collage également, Ruth Marten (née en 1949) développe une imagerie au fort pouvoir
humoristique : elle tourne en dérision une iconographie qui rappelle notamment les gravures
anciennes, pour faire apparaître des situations improbables, perturbant la lecture usuelle de
l’image. Cette logique d’association, Léo Dorfner (né en 1985) l’applique aussi dans ses
aquarelles sur papier. L’artiste fait se rencontrer au sein d’une même surface des extraits
visuels d’origines différentes pour laisser place à des narrations construites de toutes pièces,
prenant appui sur la société de consommation et la culture contemporaine.

Léo Dorfner, Little green bag, 2022, aquarelle sur papier, 70 x 50 cm, courtesy Claire Gastaud