BENOIT MAIRE, EITHER-OR, LE TEMPS ROMAIN

À Rome, où il était pensionnaire à la Villa Médicis, Benoît Maire, artiste philosophe féru de réalisme spéculatif, a fait l’expérience de la mélancolie devant les peintures religieuses du XVIème siècle dont la symbolique ne fait plus sens pour nous. Il a alors cherché dans son propre « panthéon moderniste » des formes susceptibles de nous relier, motifs de fenêtres et de grilles que l’on retrouve dans cette série, avec celui du nuage, récurrent dans son travail. Ayant recours à des techniques telles que le spray, le scotch, l’arrachage, la sérigraphie ou encore le fait de salir la toile avec les doigts, sa peinture s’inscrit dans une contemporanéité, tout en évoquant une spiritualité révolue, notamment à travers ses châssis en ogives.

Galerie Obadia, 91, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 (jusqu’au 29 octobre)


PIERRE BELOT, LES OBJETS PARLENT

C’est le premier solo de ce jeune peintre repéré dans les ateliers de Poush Manifesto. Une palette de bleus, de verts et de jaunes tendres parfaitement inactuelle dans sa tonalité délavée. Des références frontales à histoire de l’art (des Nymphéas de Monet, aux intérieurs de David Hockney en passant par les motifs arts and craft de William Morris) et des compositions par accumulation et oblitération, une légèreté de touche, le sens du jeu et de l’espace au-delà d’une apparente simplicité. Un peintre à suivre, pour sa singularité. Prix de 2000 à 15 000 euros.

Art : Concept, 4, passage Saint Avoye, 75003 (jusqu’au 8 octobre)

SOPHIE REINHOLD, APORIA

A.P.O.R.I.A : les six toiles présentées au rez- de-chaussée de la galerie reprennent chacune une lettre du titre donné par l’artiste à son exposition, sa première en France. Ces tableaux donnent aussi une idée de la versatilité d’expression de cette peintre basée à Berlin et de la multiplicité de ses références, de la mythologie grecque aux images d’actualité, de la gravure à l’imagerie cartoonesque. Seule constante dans sa pratique, la poudre de marbre se mélange aux pigments pour un aspect lisse ou iridescent. Paysage idyllique ou portrait fondu au noir, tour à tour figurative ou abstraite, cette série déconcerte autant qu’elle séduit par sa virtuosité. Les prix n’excèdent pas 25 000 euros.

Fitzpatrick gallery 123, rue de Turenne, 75003 (jusqu’au 8 octobre)

MARION VERBOOM, AGÔN

Parmi les six pièces présentées, dont deux œuvres sur papier, certains reconnaîtront la
silhouette végétale de L’Apex (2021) en grès émaillé, vue cet été au Mo.Co, à Montpellier (dans l’exposition Contre-Nature, la céramique, une épreuve du feu). Mais ce sont surtout les colonnes des Achronies que l’on identifie immédiatement, tant le travail de la plasticienne est associé à cette série qu’elle poursuit depuis dix ans, déclinaison à l’infini d’une conjugaison de formes, de motifs, de matières, de couleurs et de textures. Celle-ci n’est pourtant qu’un aspect de la sculpture, architecturale ou statufiée, autoportante ou soclée, de Marion Verboom, dont on découvre également ici la pratique assidue de dessin.

The Steidz Project Room, 40 rue de Tourtille, 75020 (jusqu’au 19 novembre 2022)

FLORIAN FOUCHÉ, MANIFESTE JANMARI

Depuis plusieurs années, Florian Fouché réactive les recherches sur l’autisme de l’éducateur et écrivain Fernand Deligny (1913-1996), dans le processus d’accompagnement de son propre père, devenu hémiplégique à la suite d’un AVC. À travers le concept « d’actions proches », l’artiste invente un répertoire de gestes poétiques qui disent la beauté et la ténuité de l’attention à l’autre, tout en soulignant le caractère profondément énigmatique des logiques déréistiques. Des vidéos, des sculptures ainsi qu’un étonnant corpus de dessins inédits composent ce manifeste Janmari, en référence à l’un des enfants suivis par Deligny. Loin de toute séduction immédiate, une proposition qui invite, comme la marche en béton au milieu de l’espace de la galerie, à franchir un seuil. Prix entre 950 et 15 000 euros.

Parliament, 36 rue d’Enghien, 75010 (jusqu’au 29 octobre)

MON PALAIS, CHOIR

L’esprit de fête a présidé à la sélection des œuvres réunies pour l’exposition inaugurale de Sans Titre dans son nouvel espace. Le goût du décor et de la théâtralité cultivé par la galerie trouve ainsi à s’exprimer dès les vitrines à travers les sculptures textiles de Jessy Razafimandimby (auquel elle consacrera son stand à Paris +), l’installation in situ du duo Jacent, le dessin mauve de Paula Kamps (French Fries, 2022) ou encore les sculptures anatomiques en céramique dorée et résine de Robert Brambora, dont l’aspect glossy donne irrésistiblement envie d’y promener les doigts. Dès l’entrée, un grand tableau au bleu lumineux d’Ezio Gribaudo, disparu l’été dernier à 93 ans, prouve qu’il n’y a pas d’âge pour être de la partie. Prix de 1900 à 50 000 euros.

Sans Titre, 13 rue Michel le Comte 75003 (jusqu’au 15 octobre)

STEVIE DIX, BESIDE OURSELVES

Lorsqu’une œuvre résiste au regard, c’est qu’il faut la regarder de plus près – d’après un collectionneur averti. Le trait épais du pinceau dans les couches de peinture mélangées à l’huile, la palette sombre de violets et de bruns, la maladresse assumée du style, la platitude de la représentation, la présence mutique d’une figure féminine récurrente, de même que celles de certains motifs triviaux (bottes, détail d’architecture …) : rien, dans les tableaux de Stevie Dix, et jusqu’à leur intériorité douloureuse, ne cherche à plaire. Et c’est justement ce qui retient l’attention, dans l’attente de voir décanter cette quête d’une voie à soi. Prix de 1700 à 7800 euros.

Chloé Salgado, 61 rue de Saintonge, 75003 (jusqu’au 23 octobre)